Le monument aux morts

Après la guerre 1914-1918, la construction des monuments aux morts s'est généralisée afin de commémorer le sacrifice des combattants de la "Grande Guerre".

Le 16 janvier 1921, le conseil municipal, réuni sous la présidence de Pierre BOUIX, maire, approuve les plans et devis du futur monument élevé à la mémoire des enfants de Guillac morts durant la première guerre mondiale. Refusé par la commission départementale de Vannes, un second projet est proposé. Il est adopté lors du conseil municipal du 20 novembre 1921 et cette fois validé. Un "poilu" est érigé dans le centre du bourg à proximité de l'église et de la mairie.

Dans l' Histoire de GUILLAC (p 339), Pierre BOUIX, maire de la commune à cette époque, écrit : "C'est le 24 août 1924 que fut inauguré le monument aux morts de la guerre, par un temps splendide, en présence de M. MARINI, sous-préfet de Ploërmel, de M. GUILLOIS, maire de Ploërmel et sénateur du Morbihan, de M. du HALGOUËT de Tréganteur, conseiller général du canton de Josselin, du docteur DAVERSIN, conseiller d'arrondissement du canton de Ploërmel, de Mme la duchesse de ROHAN, veuve de l'ancien maire de Guillac, tué à l'ennemi, le 13 juillet 1916, de son jeune fils Alain de ROHAN né en 1913, de plusieurs maires des communes voisines et d'une nombreuse affluence." Cérémonie religieuse, cérémonie républicaine, banquet, tous émaillés de longs discours, ont constitué l'essentiel de cette journée.

Sur le socle du monument aux morts sont gravés les noms des 58 soldats de la commune "morts pour la France" pendant la guerre 1914-1918. Depuis y ont été ajoutés les noms de ceux morts lors de la seconde guerre mondiale et de la guerre d'Algérie.

Commémoration des 100 ans du monument aux morts

Projet primitif

Le 16 janvier 1921, le Conseil Municipal s’est réuni sous la présidence du Maire, Pierre BOUIX. 

Cette « réunion a pour objet de voter toutes dispositions utiles pour l’édification d’un monument commémoratif aux enfants de Guillac morts pour la France pendant la grande guerre, de 1914 à 1918. 

Le Conseil Municipal :

Approuve les plans et devis du monument qui lui sont soumis par M. le Maire et dont le montant s’élève à 5 000 Fr.

Sollicite du Conseil Général et de l’Etat la subvention accordée suivant le barème établi.

Rappelle qu’il a déjà inscrit pour cet objet un crédit de 2 000 Fr qui a été approuvé par M. le Préfet.

S’engage dès qu’il connaîtra la subvention de l’Etat et du Département à voter la somme nécessaire pour couvrir le montant du devis de manière à commémorer dignement la mémoire des 58 enfants de Guillac morts pour la France ». (Archives municipales de Guillac)

Ce premier projet comportait l’utilisation d’une vieille croix en granit qui devait être érigée au calvaire des Carouges. La surveillance des travaux était confiée à M. MOING, architecte-voyer à Josselin.

Photo MAM1

Par lettre du 24 mars 1921, le Préfet informe le Maire que ce projet doit être modifié.

« La commission spéciale chargée de l’examen des projets d’érection des monuments aux morts nous renvoyait le projet en nous invitant à modifier les dimensions de la croix de guerre. Ces modifications étaient inexécutables entendu que le projet comportait l’utilisation d’une vieille croix de granit dont il était impossible de doubler la hauteur et d’augmenter la largeur. » (Archives départementales 56)

 

Nouveau projet définitif

Lors de la réunion du Conseil Municipal du 21 novembre 1921, « le Maire fait connaître que le projet primitif du monument aux morts a été rejeté par la commission départementale de Vannes. Il a fait procéder à un nouveau projet soumis à l’approbation départementale. Le Conseil approuve les plans et devis de ce monument » (A.M. de Guillac)

Ce deuxième projet est immédiatement adressé à la préfecture.

Ce nouveau projet est une statue représentant « un poilu au repos » qui se tient debout, le pied gauche en avant, les mains sur le canon du fusil, crosse à terre. Il s’agit d’une statue en fonte de fer ciselé qui pèse plus de 300 kg et mesure 1m60. Elle est fabriquée en série par les établissements Hector JACOMET, de Villedieu (Vaucluse). Le modèle d’origine de ce poilu serait l’œuvre de Etienne CAMUS, sculpteur né en 1869 à Toulouse. Après la guerre, des industriels fabriquent des monuments aux morts en série et propose leurs services aux communes. L’établissement Hector JACOMET fait partie de ces industriels.

Ce poilu est posé sur un socle quadrangulaire en granit d’une hauteur de 1m60. Sur la face antérieure de ce socle est fixée une plaque trapézoïdale sur laquelle sont gravés les noms des 58 Guillacois « Morts pour la France » de la guerre 14/18.

Photo MAM2

En décembre 1921, le Maire, Pierre BOUIX, se rend à la préfecture pour avoir des nouvelles de son projet. Voici ce qu’il écrit à Monsieur LE MOING le 3 décembre : « Notre projet dormait tranquillement dans les cartons et, sans ma démarche, il allait y passer l’hiver bien au chaud… Après maintes explications un peu embrouillées, on s’aperçoit maintenant qu’il faut toutes les pièces en double exemplaire… Je crois qu’ils nous « charrient » un peu à la préfecture ».

 Il s’empresse d’établir en double exemplaire plans, devis, délibérations du Conseil Municipal et attestations du nombre de morts. Et aussitôt, tout ce dossier est remis en préfecture pour approbation.

            Sans réponse de M. le Préfet, le 6 mars 1922, le Maire, Pierre BOUIX, lui adresse un courrier dans lequel il se plaint de la lenteur administrative car « Par suite du rejet de notre premier projet, nous sommes bien en retard pour rendre à nos morts l’hommage qui leur est dû et il arrive souvent que nos concitoyens nous reprochent ce retard inexplicable pour eux ». Et il demande à M. le Préfet « de faire approuver notre dernier projet sans plus tarder ou de nous faire savoir qui s’oppose à cette approbation ». (AD56)

Finalement, le 2 août 1922, le Préfet « approuve la délibération en date du 21 novembre 1921 par laquelle le conseil municipal de Guillac a décidé l’érection, à titre d’hommage public, d’un monument à la mémoire des enfants de cette commune morts pour la France ». (AD56)

 

Construction du monument

C’est en fin d’année 1922 que commença la construction du monument. Un nouvel emplacement fut choisi : la pointe du jardin du presbytère dominant le mail.

Photo MAM3

D’abord prévu pour la fin de l’été 1923, le monument ne sera terminé qu’en décembre 1923 et la cérémonie d’inauguration est donc reportée à l’été 1924.

 Ce monument a été réalisé par M TRIPON, entrepreneur et « La belle grille en fer forgé qui forme l’entourage du monument est l’œuvre de notre compatriote Joseph PERROTIN qui a mis tout son talent à faire une œuvre digne de ses glorieux frères d’armes ». (A.M. Guillac)

Quatre obus et deux mortiers (trophées de guerre fournis par l’Etat) entourent le monument. 

Photo MAM4

 

Inauguration du monument le 24 août 1924

Dans son livre « Histoire de Guillac », Pierre BOUIX écrit :

            « C’est le 24 août 1924 que fut inauguré le monument aux morts de la guerre, par un temps splendide, en présence de M. MARINI, sous-préfet de Ploërmel, de M. GUILLOIS, maire de Ploërmel et sénateur du Morbihan, de M. Du HALGOUËT, de Trégranteur, conseiller général du canton de Josselin, du docteur DAVERSIN, conseiller d’arrondissement du canton de Ploërmel, de Mme la duchesse De ROHAN, veuve de l’ancien maire de Guillac tué à l’ennemi le 13 juillet 1916, de son jeune fils Alain De ROHAN, né en 1913, de plusieurs maires des communes voisines et d’une nombreuse affluence ».

            A noter que M. le Sous-Préfet de Ploërmel est arrivé en train. Il a été reçu à la gare de Guillac et sans doute accueilli en musique par les trente musiciens de Josselin. Il a ensuite découvert un bourg décoré et pavoisé : il y avait 20 drapeaux prêtés par Ploërmel et 40 par Josselin qui avait également fourni des guirlandes et des écussons.

            La cérémonie religieuse a été célébrée par l’abbé LEPAULE, curé doyen de Guer, natif de Josselin, qui a été au front pendant 52 mois. Selon Pierre BOUIX : « Seul un prêtre ayant ces états de service pouvait trouver dans son cœur pour parler des héros de la guerre les accents qui les ont tant émus ».

Cette cérémonie a été suivie de la bénédiction du monument et de son inauguration. A l’appel des morts, Joseph PRETESEILLE répond : « Mort pour la France ». Le Maire, le Conseiller Général, le Parlementaire et le Sous-Préfet prononcent un discours.

Ensuite, 116 convives participent au banquet organisé par la mairie (53 officiels et 30 musiciens de Josselin invités et 33 Guillacois qui eux payaient leur repas, 8 Fr). Voici le menu :

  • Saucisson-jambon

  • Bœuf-carottes

  • Roti de veau-salade

  • Dessert, gâteaux secs

  • Café

Boissons : cidre (1l par personne), vin blanc et vin rouge (1l pour 5 personnes).

Au dessert, à nouveau quatre discours dans le même ordre qu’au monument.

Dans son long discours (7 pages dactylographiées), P. BOUIX, « Au nom de tous ses compatriotes, exprime sa reconnaissance » à toutes les personnalités présentes à cette inauguration. Il adresse un hommage particulier à Emile HUET, secrétaire de mairie, à M BOUDARD, le « vénéré recteur, et à M. SALVAING, instituteur.

Voici ce qu’il déclare :

  • à Émile HUET : « L’administration d’une commune pendant ces… années de guerre ne fut pas précisément une sinécure. Chez nous, le maire mobilisé au bout de quelques mois, tout le poids de l’administration communale retombait sur le secrétaire. Je ne trouve pas de mot pour qualifier la tâche écrasante qu’il accomplit durant ces quatre terribles années, au milieu d’une population surmenée par le travail et aigrie par la douleur ».

  • à M BOUDARD : « Seul pour son ministère, il trouva cependant le moyen de seconder le secrétaire de mairie en se chargeant naturellement de la besogne la plus ingrate, celle de prévenir les familles quand le malheur les frappait. Combien de dossiers de demandes d’allocation, de pupilles de la nation furent constitués par ses soins ».

  • à M. SALVAING, notre vieil instituteur, qui venait aussi le samedi et le dimanche donner un coup de main à la mairie. Que, du fond de sa tombe, il reçoive l’hommage de notre pieux souvenir ! ». (A.M. Guillac)

 

Le monument aux morts aujourd’hui

Les grilles qui l’entouraient ont été retirées. Sur les deux côtés d’autres plaques ont été ajoutées sur lesquelles sont inscrits les morts des autres guerres : 4 morts pendant la guerre 39/45, 1 mort à la guerre d’Indochine et 1 mort à la guerre d’Algérie. Le 11 novembre 2018, la municipalité a ajouté une plaque sur laquelle figurent 4 Poilus qui jusque-là ne figuraient sur aucun monument aux morts. 

Photo MAM5

Quelques chiffres

En 1914, Guillac comptait 1486 habitants, 430 Guillacois ont été mobilisés entre 1914 et 1918. Il y a eu 79 morts « L’année la plus meurtrière est 1915 avec 29 décès », 37 prisonniers qui ont séjourné dans les camps allemands (23 ont été fait prisonniers en même temps à Maubeuge) et environ 70 blessés.